Rester face à ce qui ne laisse pas passerToutes les images n’invitent pas à entrer. Certaines restent closes, sans profondeur, sans promesse de parcours. Elles ne repoussent pas le regard, mais elles ne l’absorbent pas non plus. Elles le confrontent. Elles l’arrêtent. Et dans cet arrêt, elles proposent une autre relation : celle d’un face-à-face sans issue. Il ne s’agit pas d’un blocage. Il ne s’agit pas d’un refus. Il s’agit d’une exposition plate, complète mais non traversable. L’image ne demande rien. Elle se tient. Elle reste là, comme un mur perceptif, comme une surface consciente d’elle-même. Elle n’est pas obstacle, mais présence fixe, immobile, attentive. Dans cette configuration, le spectateur n’est pas invité à explorer. Il est placé dans une posture d’observation frontale, sans objectif. Ce qu’il voit ne varie pas. Ce qu’il ressent, en revanche, se transforme. Car l’image, sans perspective, produit une perception suspendue, maintenue à la surface, dans une tension sans résolution. Rester face à ce qui ne laisse pas passer, c’est accepter une autre forme d’attention. Une attention non dynamique, non narrative. Une attention tenue, égale, posée. Ce n’est pas l’épaisseur du plan qui compte ici, mais sa tenue, sa constance, sa frontalité assumée. Et dans cette frontalité, l’image ne cherche pas à convaincre. Elle demande simplement à être tenue, à exister sans creuser, sans s’ouvrir. Une surface qui ne livre rien — mais qui reste, avec force, juste là. |